L’édito du président : Les fleurs du mal

Le langage des fleurs est probablement le code le plus obscur qui soit. Hormis la traditionnelle rose rouge, que tout le monde rattache plus ou moins consciemment à l’amour, mais sans trop chercher à en connaître les raisons ni ce qui la différencierait d’une rose blanche ou rose, il faut bien reconnaître que cet idiome tient plus de la tradition mal maîtrisée que d’une langue préservée et enrichie par les verts Immortels de la Coupole. De l’hibiscus au lys en passant par la marguerite ou le tournesol, comment ne pas se prendre les pieds dans les racines apparentes de ce dédale de symboliques ? Et même si après des heures de recherches vous parvenez à trouver la fleur qui saura exprimer le sentiment idoine, encore faut-il que la récipiendaire soit elle-même une adepte de cet ésotérisme floral et qu’elle comprenne le sens profond du message caché dans votre bouquet. Ainsi va la vie et cette mignonne énigme du quotidien fait partie intégrante des piquantes relations homme/femme. 

Mais à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes que nous avons célébré le 8 mars, quelle est le sens d’offrir des fleurs à nos collaboratrices ? Est-ce pour leur montrer notre amour s’il s’agit de roses rouge ? Est-ce pour les récompenser du travail de qualité qu’elles ont effectué cette année encore ? Est-ce pour les féliciter d’avoir obtenu, en 1965, le droit de travailler sans l’aval de leur père, de leur mari ? Ou est-ce la fleur qui cache la forêt des inégalités ? 
Attention, il ne s’agit pas ici de critiquer les initiatives qui sont prises pour marquer cette journée qui, je le rappelle, a 3 visées : fêter les victoires et les acquis, faire entendre leurs revendications et améliorer la situation des femmes. 

Il s’agit d’attirer votre attention sur ce qui ne doit pas être de l’angélisme béat et une façon de se détourner de nos responsabilités de chefs d’entreprise face à des situations telles que les inégalités salariales, le harcèlement ou les conditions de travail. C’est notre devoir de faire en sorte que nos sociétés soient également accueillantes pour tous nos salariés, c’est notre devoir que de promouvoir et d’appliquer une égalité réelle de traitement. 
Notre secteur d’activité souffre encore de clichés et d’a priori qui éloignent les femmes de nos métiers, nous privant bêtement d’un vivier de compétences plus que nécessaire à l’heure où recruter du personnel de qualité devient de plus en plus compliqué. Si la lutte contre les clichés prend du temps, faire en sorte que le transport léger de marchandises soit à l’avant-garde de la lutte pour l’égalité femme/homme ne dépend que de nous et rendra à nos métiers une attractivité nouvelle qui précipitera la chute de ces clichés iniques. 

Alors le 8 mars prochain, lorsque vous déciderez d’offrir à vos collaboratrices une brassée de fleurs posez-vous la question du message caché derrière les pistils. Ce bouquet est-il l’aboutissement d’actions concrètes mises en place pendant l’année passée ? Est-ce par tradition ? Est-ce pour faire oublier une situation inégalitaire ? Est-ce pour masquer une gêne, un embarra ? Pour résumer, est-ce que ce ne sont pas les fleurs du mal ? 

Hervé Street, Président du Sntl

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