L’édito du président : Les tontons charteurs

Nous vivons une époque formidable ! Une époque dans laquelle impossible n’est effectivement pas français ! En des temps reculés, archaïques, teintés d’obscurantismes, l’avocat devait passer le barreau pour porter la robe, le médecin devait réussir son concours pour exercer et le transporteur devait être détenteur d’une licence de transport pour prendre en charge les marchandises d’autrui. 
 
Mais ça c’était avant ! Avant l’avènement de l’ère de l’open bar où tout devient possible du moment qu’une situation de fait accompli est établie. Bientôt, du jour au lendemain le plombier pourra ouvrir son cabinet de dentiste, l’architecte conduira des avions et le garagiste vous vendra de l’huile de moteur, du vin et des antibiotiques. Pour se faire, il leur suffira d’envelopper leur démarche de couleurs chatoyantes, de « start-up nation », d’une communication efficace et de laisser pourrir le tout en attendant que « la force des choses » ne régularisent leur nouvelle activité. Et tant pis pour ceux qui pratiquaient avant eux en respectant les lois et réglementations vigueurs. Ils n’avaient qu’à « penser printemps ».
 
Vous pensez que j’exagère ? Un député de la République en marche vient de déposer, dans le cadre de la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », un amendement pour permettre aux plates-formes de conclure une charte sociale couvrant leurs travailleurs. Concrètement, toutes les plateformes de type Stuart ou Deliveroo, pourront décrire les engagements « sociaux » qu’ils comptent prendre vis-à-vis de leurs « partenaires » et se débarrasser ainsi du poids de vieux poncifs comme la convention collective ou le Code du travail. Evidemment la signature de cette charte, qui semble se placer au-dessus de la loi dans la hiérarchie des normes, leur octroie une protection contre les procès en requalification en salariat. Mieux qu’une carte chance au Monopoly !
 
Cet amendement n’est rien de plus que la porte ouverte à tous les abus. Ces plateformes, qui exercent illégalement nos métiers et opposent aux 23 000 entreprises de transport léger une concurrence déloyale, risquent d’obtenir un blanc sein de la part du gouvernement. Mettant ainsi l’avenir des 60 000 salariés (dont 75 % de CDI) de notre profession en grand danger au profit d’une multitude de petits jobs toujours plus précaires !
« Soyez dans l’illégalité, franchement dans l’illégalité ! La signature d’une charte vous redonnera la virginité perdue » Tel est le message que semble vouloir faire passer ce gouvernement.
 
Hervé Street, Président du Sntl

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