Le mois de septembre a toujours un petit goût amer. Sans doute est-il dû au départ douloureux de la plage sur laquelle nous nous prélassions il y a peu, à l’au revoir mélancolique des moments ensoleillés partagés en famille, entre amis ou au troc de votre transat pour cette triste chaise de bureau. Ce temps trop vite écoulé n’est plus qu’une somme de souvenirs nostalgiques que nous avons le loisir masochiste de nous repasser dans les bouchons ou le wagon bondé du métro.
Mais ce mois de septembre 2019 a un goût supplémentaire, un goût de cendre ou de charbon, quelque chose de fade, poussiéreux et étouffant. Un goût de déception et de colère en quelque sorte.
Ces deux sentiments sont les enfants de vents contraires et du constat douloureux de l’entêtement stérile de certains de nos dirigeants. Après être arrivé comme des chiens dans un jeu de quilles dans notre secteur d’activité, les plateformes ont dû faire face aux répliques légitimes de ceux qu’elles exploitent et de ceux dont elles mettent en péril la santé économique.
Grèves des livreurs, procès en requalification, enquêtes de la DREAL, procédures judiciaires des organisations patronales et plus particulièrement du Sntl… La liste est longue des actions qui tendent à prouver que ce système est sclérosé et vampirique. À ce titre, en début de mois, le Sntl remportait une belle victoire judiciaire contre MyCube reconnu coupable d’exercice illégal de la profession de transporteur. Même en Californie, pourtant terre de nouvelles technologies, le gouverneur a ratifié le 19 septembre la loi faisant des chauffeurs de VTC des salariés à part entière. Le coup est particulièrement dur pour Uber, californien d’origine, étoile moribonde et symbole de cette économie du vide qui s’étend du VTC à la livraison de marchandise en passant par les trottinettes et les vélos en libre-service.
Et pourtant, en France, à contre-courant de ces tendances de fond, le gouvernement et la majorité se complaisent dans une admiration béate devant ces plateformes. Marcheurs disciplinés, ils descendent, le pas rythmé et décidé, vers le fond du trou en entrainant avec eux notre profession. La LOM en est le plus parfait exemple. Quelle reddition que voilà ! Après que le lobbyiste de Stuart eu écrit le rapport de l’institut Montaigne qui a servi de base de travail au ministère des Transports, certains députés zélés entachaient la loi de l’article 20 portant sur les chartes qui n’ont de social que le nom.
Le Sntl n’a pas prévu de rendre les armes ! Nous devons continuer de nous opposer aux plateformes pour protéger nos entreprises de la concurrence déloyale qu’elles organisent. Aujourd’hui dans les grandes villes, elles seront présentes sur l’ensemble du territoire d’ici deux ans avec des conséquences sur l’emploi absolument désastreuses.
Hervé Street, Président du Sntl