L’édito du président : Notre-Dame de Paris, éternellement fragile

Au soir du lundi 15 avril 2019, Paris était le centre du monde. Au centre de toutes les attentions, de toutes les espérances, de toutes les prières de millions de personnes à travers le monde. Notre-Dame de Paris brûlait, scène inimaginable, apocalyptique, semblant sortir d’un cauchemar ou d’un tableau maléfique de Jérôme Bosh. 855 ans de culte et de culture se consumaient sous les yeux ébahis des Parisiens et des téléspectateurs. La « forêt », cette magistrale charpente de chêne unique au monde de par ses dimensions et son âge, se consumait dans un brasier de tous les diables et ses flammes insatiables, après avoir eu raison de la Flèche de Viollet-le-Duc, s’attaquaient désormais aux beffrois. La stupéfaction fit alors place à l’angoisse et tous les amoureux de l’art, de l’architecture, de la culture, tous les Chrétiens, tous les Français, tous les Parisiens craignirent alors de se réveiller orphelins de cette noble Dame qui veille sur Paris depuis presque neuf siècles. 

Symbole national, gardienne de la couronne d’épines du Christ, elle a vu s’ouvrir les États généraux de Philippe le Bel en 1302, le couronnement de Napoléon en 1804, le Magnificat de la Libération en 1944 et les obsèques nationales de Foch, Joffre, De Gaulle, Pompidou et Mitterrand. Notre-Dame de Paris est le joyau de cette parure de cathédrales, de basiliques, d’abbayes qui constelle l’Europe et qui en fut pendant des siècles son lien le plus fort. Réunissant les religieux, les malades, les artisans, les marchands, les puissants, les faibles, les savants, les lettrés cette longue maille d’édifices sacrés a été le témoin privilégié de l’Histoire Européenne tant dans le sang que dans la gloire. Monument le plus visité d’Europe, Notre-Dame occupe une place unique dans cette histoire, de par son âge et sa beauté, mais aussi parce qu’elle a su inspirer et rassembler bien au-delà de ses frontières pour devenir ce que Donald Tusk, Président du Conseil de l’Europe, appela au matin du drame « Notre-Dame de toute l’Europe ». 

Lorsque ceux qui s’étaient couchés inquiets, le cœur serré et les yeux encore pleins de ces images terribles, se réveillent, c’est pour trouver dans la presse et les radios le réconfort qu’ils avaient attendu en vain la veille. Quel soulagement de découvrir que les tours et les rosaces sont intactes et que cette silhouette chérie, même blessée, couvre encore de son ombre vénérable l’île de la Cité. Sans relâche, avec un courage et un professionnalisme irréprochable, les pompiers ont combattu les flammes et sauvé de la destruction ce patrimoine matériel et immatériel inestimable. Les travaux de réparation et de restauration à venir sont immenses et c’est un chantier titanesque qui nous attend, mais la France dispose des talents nécessaires et la solidarité nationale et internationale bat déjà son plein. Notre-Dame de Paris sera rebâtie !

Ce qu’il faut retenir de cette effrayante leçon, c’est la volatilité des choses, même celles qu’on pense les plus acquises. Notre-Dame de Paris ainsi défigurée ? Qui l’aurait imaginé ? Je vais laisser nos esprits échauffés et fatigués par cette nuit d’angoisse se reposer, mais je vous glisse quand même ces pistes de réflexions : notre modèle salarial ? Indestructible ? Notre modèle économique ? Inébranlable ? Notre profession réglementée ? Inattaquable ? 

 Hervé Street, Président du Sntl

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