Les grands centres urbains sont des acteurs majeurs et proactifs dans la construction de cet élément à la fois temporel et philosophique qu’est « demain ». Il n’y a qu’à voir les réactions de certaines grandes villes américaines qui affichaient leurs distances après la décision de Donald Trump de se retirer des accords de Paris. New York et Los Angeles, par exemple, se sont rapidement prononcées pour une application unilatérale du traité malgré la décision du pouvoir fédéral.
Demain, s’écrit donc en partie dans les villes et par les villes. Dotées de pouvoirs de plus en plus élargis, elles peuvent mettre en place leur propre politique sociale, économique, énergétique… et de plus en plus de citoyens comptent sur ces métropoles pour prendre des initiatives que les états centraux, trop lents, trop éloignés du terrain ne peuvent pas ou ne veulent pas prendre.
Imaginons la ville de demain. Lieu de rencontre, lieu de loisir, lieu de travail, lieu de culture. Lieu imaginé par les architectes, les politiques, les sociologues. La ville de demain est une agora sociale, politique et économique au sein de laquelle le lien entre les citoyens occupe une place privilégiée. Les édiles de ces grandes métropoles rivalisent d’ailleurs d’imagination pour stimuler ce lien. De grandes manifestations en grands travaux de réaménagement urbain, du développement des réseaux de transports en commun aux nouveaux services adaptés au rythme des habitants, tout est fait pour que la monotonie s’échappe de leur vie et que le cœur battant de ces villes attire banlieusards, touristes et investisseurs.
Mais on oublie trop souvent que ce complexe organisme ne vit pas par lui-même, qu’il ne crée pas ex nihilo l’énergie dont il a besoin pour rayonner, que les ressources nécessaires à la création des liens multiformes qu’il abrite ne se téléportent pas en son sein. La ville de demain ne doit pas oublier que la logistique et la livraison sont les globules rouges qui transportent son oxygène. Les flux de marchandises de nos professionnels sont l’essence même de tout ce qui se fait, se crée et se consomme dans les villes. Chaque jour, des milliers de salariés livrent matières premières, nourriture, médicaments, vêtements, journaux et alimentent en énergie les forces vives de la ville.
Ces professionnels sont profondément engagés dans la création de la ville de demain. Ils transforment leur flotte de véhicules pour répondre à l’impératif écologique, ils font évoluer leurs services pour répondre aux nouveaux modes de consommation, ils innovent pour un environnement de travail responsable et respectueux de l’humain.
A contrario, les décideurs ne doivent pas oublier la logistique lorsqu’ils pensent la ville du futur. Améliorer la circulation, la qualité de l’air, le plaisir d’y vivre oui bien sûr. Mais prenons garde à ce que le bon grain et l’ivraie ne soient pas mélangés. Prenons garde à ne pas sacrifier les conditions de travail de professionnels consciencieux sur l’autel de quelques lubies.
La ville de demain se créera avec nous.
Hervé Street, président du Sntl