L’édito du président : Vae Victis

En 390 avant J.C les troupes du chef Gaulois Brennus pillent Rome et assiègent le Capitole dans lequel se ont retranchés les habitants et les troupes restantes. Cet épisode historique est resté célèbre grâce aux oies sacrées de la célèbre colline qui, une nuit, alertèrent les défenseurs d’une attaque surprise des gaulois. Pour vous résumer rapidement la suite de l’histoire, les Romains décidèrent de négocier le départ de leurs assaillants contre une belle quantité de monnaie sonnante et trébuchante. Une grande balance est alors préparée sur une place de la ville. Mais, afin d’alourdir encore la rançon, les Gaulois y placent de faux poids. Les Romains qui ne sont pas plus bêtes que d’autres se rendent compte que les barbares qu’ils ont en face d’eux sont en train de leur faire à l’envers. « De quel droit utilises-tu des poids truqués ? » demandent-ils à Brennus. « Du droit des vainqueurs ! » leur répond-il. Et, dans un geste qui ne manque pas de panache, il jette son épée sur la balance en ajoutant « Vae victis (Malheur aux vaincus) ».

Vae Victis, voilà ce que nous pourrions dire suite au vote final de la LOM à l’Assemblée nationale le 19 novembre. Avec cette loi le gouvernement et sa majorité, obstinément drapés dans leur égo, ont réussi l’extraordinaire tour de force de ne faire que des vaincus dont le malheur ne fait que commencer. 

Malheur aux autoentrepreneurs qui travaillent pour les plateformes et qui se retrouvent éjectés d’un seul coup de pied du code du travail et du code des transports. Institué par l’article 20 les chartes sociales, que les plateformes pourront rédiger elles-mêmes, les priveront de tout espoir de requalification, les élections professionnelles leur sont interdites et les conseils de prud’hommes leur sont fermés. Voilà donc que naît sous nos yeux une nouvelle catégorie de travailleurs dont le seul droit est de se taire et d’accepter d’être les grains misérables de l’infâme broyeuse qu’est l’ubérisation. 

Malheur aux sociétés de transport qui doivent accepter la concurrence déloyale de plateformes qui pourront faire travailler des autoentrepreneurs sans qu’aucun contrôle ne puisse être fait de leur inscription au registre des transporteurs ou même de leur identité. Certains malfrats que rien ne rebute ont d’ailleurs déjà commencé à recruter parmi les couches les plus misérables de la population (migrants, chômeurs en fin de droit, travailleurs pauvres) en louant leur compte sur internet et prélever in fine 30% des maigres gains acquis. 

Malheur aux salariés des entreprises de transport qui voient leur métier dévalorisé et leur secteur d’activité tellement fragilisé que c’est l’avenir même de leur emploi qui peut parfois être en jeu. Le gouvernement a sacrifié leur CDI (95% des contrats de travail dans le transport léger de marchandises) au profit de « jobs » précarisés et fiscalement stériles.

À l’aune de ce dénouement législatif, il est compliqué de voir l’avenir en rose et c’est un combat désormais quotidien qui nous attend. Aujourd’hui plus que jamais notre profession a besoin de se rassembler et de s’unir. 

Hervé Street, Président du Sntl

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