Pic de pollution à Paris : le silencieux sacrifice des livreurs à vélo des plateformes issues de l’économie dite « collaborative ».

Alors que Paris est confronté au plus intense et au plus long de ses pics de pollution depuis 10 ans et que les autorités recommandent à la population de limiter les activités sportives, le Sntl alerte sur les risques sanitaires auxquels sont confrontés les livreurs à vélos des plateformes issues de l’économie dite « collaborative ».

Vendredi 9 décembre, la circulation alternée est reconduite pour la quatrième fois. Ce cas unique est la preuve de la gravité et de l’étendue de ce nuage de pollution qui stagne au-dessus de Paris.

Depuis 4 jours, les pouvoirs publics recommandent à tous d’éviter les efforts physiques inutiles. La Préfecture de Police en appelle même au civisme de chacun afin que soit respectée la circulation alternée.

Mais où est le civisme alors que des milliers de livreurs à vélo arpentent les rues de Paris, poumons au vent, sans même le moindre masque ? Le SNTL n’a eu de cesse ces derniers mois de dénoncer les conditions de travail déplorables de ces auto entrepreneurs précarisés qui travaillent hors toute réglementation et protection sociale. Aujourd’hui c’est une franche inquiétude qui nous gagne.

Le civisme, c’est à l’instar des adhérents du SNTL, de ne pas faire rouler les coursiers à vélo dans de pareils conditions. Car être une entreprise responsable, c’est faire le sacrifice de quelques livraisons pour préserver la santé de ses employés. Ceci n’a rien d’héroïque, c’est du bon sens, c’est humain. C’est aussi, tout simplement, le cadre protecteur de l’article L41-42 du Code du travail qui impose aux employeurs une obligation de sécurité et de santé des salariés.

Mais où est l’humain quand les relations employé/employeur sont dématérialisées, digitalisées au point que ce dernier tient dans une main et qu’il devient alors difficile de lui faire part de vos inquiétudes concernant votre santé.

Plus que jamais, ces nouveaux tâcherons sont vulnérables et plus que jamais ils sont seuls. Et, si par malheur, ils devaient avoir l’outrecuidance de vouloir prendre leur santé en considération alors la sanction serait immédiate. Qu’ils roulent donc à tombeau ouvert, le scandale ne viendra que dans plusieurs années. Car scandale sanitaire il y aura. Comme pour l’amiante, on découvrira un jour des poumons noirs et flétris qui apporteront avec eux leurs lots de cancers et de maladies respiratoires. Et alors ses sacrifiés auront bien du mal à trouver quelqu’un pour prendre en charge leurs soins et pour assumer les erreurs qui sont en train d’être faites au nom de l’économie dite « collaborative ».

Une fois encore nous faisons face aux dérives de cette nouvelle économie stérile et inhumaine. Et une fois encore, au nom d’une modernité galvaudée, le silence est assourdissant. 

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