Le SNTL – Syndicat National des Transports Légers – représente les entreprises transportant des marchandises pour compte d’autrui avec tous types de véhicules de moins de 3,5 T et ou 20 m3 : des PME et TPE de toutes tailles, depuis une camionnette ou un vélo-cargo, jusqu’à des flottes de plusieurs centaines de véhicules utilitaires légers dits VUL ou de cyclos. La moitié des activités des entreprises adhérentes se situe en Ile-de-France, et l’autre moitié en régions.
Ces entreprises de la course, de la messagerie, de la livraison urbaine, souvent en express pour les besoins des clients, se préoccupent depuis longtemps des questions écologiques et du verdissement de leurs flottes. Certains achètent des véhicules moins carbonés ou moins polluants depuis plus de 25 ans.
POINT DE VUE: Le chantier du verdissement et de la dé-carbonation des flottes est pour nos entreprises un enjeu majeur pour deux raisons principales. La première est qu’elle correspond à une attente des habitants et donc des élus des centre-ville. La seconde, conséquence de la première, est qu’elle va donner aux entreprises ayant dé-carboné leur flotte, un avantage pour entrer dans des zones où la circulation des véhicules les plus polluants sera à l’avenir interdite.
Le SNTL défend la nécessité d’un mix énergétique pour dé-carboner les transports légers.
Le SNTL a participé en 2022 et 2023, à une feuille de route de dé-carbonation des VUL piloté par le ministère des Transports. Il défend depuis une position inchangée : celle de la nécessité d’un mix énergétique. Les professionnels des transports légers, qui roulaient à plus de 97% avec des véhicules diesels du fait de décisions politiques en France, ne veulent pas être contraints à une seule solution énergétique, l’électricité, qui ne répond pas aujourd’hui et ne pourra pas répondre demain à l’ensemble des besoins des professionnels de la route (notamment pour la longue distance, le frigorifique (alimentaire et sanitaire), les VUL à carrosseries spéciales, etc..).
La feuille de route de dé-carbonation, décrit année après année, depuis 2020 jusqu’à 2035, l’augmentation progressive du pourcentage de véhicules neufs électriques vendus chaque année en France pour atteindre en 2035 un objectif de plus de 97% de véhicules électriques. Dans la loi LOM en 2019, une telle trajectoire a été inscrite, pour imposer aux entreprises ayant des flottes de plus de 100 véhicules, d’acheter un pourcentage de véhicules électriques de plus en plus important dans le renouvellement de leur flotte.
Ces objectifs louables et ambitieux sont respectés par les adhérents du SNTL concernés, mais ne sont pas atteints au global. Il n’y a pas qu’en France que les trajectoires ambitieuses ne sont pas atteintes. Le géant de la location de véhicules américain Hertz, qui avait un partenariat avec la société Tesla, dont on peut considérer que l’expertise et la fiabilité en matière de véhicules électriques n’est pas à démontrer, avait par exemple annoncé au début de l’année qu’il allait revoir sa trajectoire de dé-carbonation. Hertz a annoncé une pause et la revente du tiers de sa flotte de voitures électriques (trop chères à l’entretien).
Les retours d’expérience de nos entreprises qui ont déjà massivement investi depuis plus de 10 ans dans la mobilité électrique est tout à fait conforme à ce constat qui concerne les difficultés liées aux pannes, l’incapacité à trouver des solutions de réparations et ou à des prix exorbitants liés à l’entretien.
La PPL Adam, un OVNI politique
Alors qu’en France, le président de la République avait affirmé lors d’une conférence de presse de début d’année, qu’aucune nouvelle loi ne viendrait ajouter des contraintes aux entreprises, vantant « la France du bon sens, plutôt que la France des tracas », le groupe Renaissance a choisi d’inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le 30 avril prochain, une proposition de loi Adam, visant soi-disant à « accélérer et contrôler le verdissement des flottes automobiles ».
Le constat : la trajectoire fixée par la loi LOM n’est pas atteinte. La solution proposée : introduire une logique punitive pour les entreprises ayant des flottes de plus de 100 véhicules qui ne respecteraient pas la loi. Logique délétère.
Ce sont les entreprises qui font et feront la dé-carbonation, bien davantage qu’une « volonté politique » déconnectée de la réalité. Si les entreprises les plus puissantes n’arrivent pas à respecter la loi, plutôt que de se poser pour réfléchir aux raisons (le coût écologique, économique, les infrastructures nécessaires, les besoins pratiques des utilisateurs, la nécessité de revoir les trajectoires pour introduire un mix d’énergies demandé par les professionnels…), la majorité choisit un logique punitive qui inquiète bien sûr toutes les PME plus petites: celles-ci voient le rouleau compresseur d’une électrification totale impossible, continuer d’avancer sans écouter ni crier gare.
Il n’existe par exemple pas aujourd’hui d’offre de véhicules électriques, qui permette le transport léger longue distance. Et même demain, compte tenu des temps de charge, il sera impossible de couvrir ces longues distances en respectant la règlementation sociale des temps de travail des chauffeurs. Veut-on vraiment soumettre les entreprises de transport Françaises à de nouvelles obligations que ne respectent pas des entreprises étrangères circulant sur le territoire national ? Il faut que nos pouvoirs publics cessent de favoriser le dumping social pratiqué sur nos routes, au profit de transporteurs des pays de l’est, du fait d’obligations strictes auxquelles nos entreprises sont soumises, et auxquelles échappe cette concurrence déloyale..
Par ailleurs, la production de batteries pour alimenter 97% de mobilité électrique, va exiger l’extraction d’une quantité de métaux rares qui va constituer un désastre écologique et social : combien de temps va t’on encore fermer les yeux sur le travail des enfants, l’exploitation des personnes, les conditions de sécurité, de santé, de respect des droits de l’Homme?
A l’origine, la proposition de loi de M. Adam, en plus de l’introduction d’une logique punitive, prévoyait d’abaisser les seuils des entreprises concernées. Ce second point a heureusement disparu, suite à l’intervention d’Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 16 janvier : « je demande au Gouvernement de supprimer des normes, réduire les délais, faciliter encore les embauches, augmenter tous les seuils de déclenchement d’obligation ».
Il reste que malgré ce message du Président de la République en faveur des entreprises, certains mobilisent l’Assemblée nationale et ses élus à cinq semaines des élections européennes pour si peu : préciser et corriger très légèrement une trajectoire de dé-carbonation qui ne sera toujours pas atteinte, et intégrer une logique punitive anti-entreprise. Inutile et décalé.